Perturber l’accès des civils à l’eau : « Un nouveau tournant ignoble dans la violence »

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Des attaques répétées au Burkina Faso laissent près de 300 000 personnes avec moins de 3 litres d’eau par jour.

Le Conseil norvégien pour les réfugiés, aux côtés de douze autres organisations, vient de révéler que « plus d’un quart de million de personnes victimes d’une nouvelle ‘guerre de l’eau' » au Burkina Faso, et ce en pleine saison sèche.

Ces treize organisations nationales et internationales qui fournissent une aide humanitaire et au développement dans le pays affirment que 32 installations d’eau ont été détruites cette année, pour la plupart à Djibo, dans la région du Sahel. C’est l’accès à l’eau de près de 300 000 personnes qui est ainsi perturbé.

En mars dernier, sur les réseaux sociaux, circulait déjà une vidéo révélant les difficultés des populations pour accéder à l’eau à Djibo.

« Ces attaques répétées contre les services d’eau et leur grave impact sur des centaines de milliers de civils vulnérables sont sans précédent au Burkina Faso et n’ont pas été vus ailleurs dans la région du Sahel central », explique Hassane Hamadou, directeur national du Conseil norvégien pour les réfugiés au Burkina Faso.

Il l’affirme, « la perturbation de l’accès des civils à l’eau n’est plus un simple sous-produit du conflit, elle est devenue une arme de guerre et marque un nouveau tournant ignoble dans la violence ».

« Pour le bien, la dignité et la survie d’une population déjà épuisée, cette guerre contre l’eau doit cesser. »

La ville de Djibo accueille un grand nombre de personnes déplacées. Avant les attaques, les civils avaient accès à 6 litres d’eau par jour, un seuil déjà critique, puisque l’Organisation mondiale de la santé considère que les personnes en situation d’urgence ont besoin d’au moins 15 à 20 litres.

« L’allocation de survie minimale » est estimée à 7 litres, mais n’est viable que sur quelques jours. Aujourd’hui, à Djibo, les populations ont accès à 3 litres d’eau par jour. A titre de comparaison, un Européen utilise en moyenne 150 litres d’eau par jour.

Dicko est réfugié à Djibo. Il témoigne de sa situation.

« Nous avons du mal à trouver de quoi manger et boire depuis que nous sommes arrivés. Souvent, nous passons la journée entière au point d’eau pour repartir avec un jerrican, et parfois sans rien. Nous payons et buvons de l’eau très sale et impure. Nous ne pouvons même pas rêver d’avoir assez pour laver nos vêtements ou nous-mêmes. »

Rebecca Bouchet-Petersen est directrice pays de Solidarités International au Burkina Faso. Elle l’affirme, « Djibo est au bord d’une catastrophe humanitaire ».

« Djibo a été un foyer de la crise humanitaire pendant plus de trois ans et se retrouve désormais en première ligne d’un nouveau type de guerre. Le conflit met désormais en péril ce dont personne ne peut se passer : l’eau potable. Les civils de Djibo étaient déjà confrontés à des pénuries alarmantes de nourriture et de médicaments, maintenant ils ont aussi soif. Compte tenu de tous les risques pour la santé associés à la consommation d’eau insalubre, aux températures moyennes de 40 ° C et à l’accès routier difficile, Djibo est au bord d’une catastrophe humanitaire. »

M.C.

Crédit image : Shutterstock.com / Travel Telly

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